Mémoire de fin d'étude

Voici ci-dessous l'introduction de mon travail de fin d'étude, dont le sujet était la prise en charge des souffrances intimes des patientes atteintes du cancer de sein. Ce mémoire a été présenté en juin 2018, venant ponctuer 3 années d'étude au sein de l'école de Psycho-Sexologie de la Défense.

J'en profite pour remercier mon enseignante, Mme Barreteau, ainsi que la ligue anti-cancer, qui m'a fourni le matériel et la documentation nécessaire le jour de ma soutenance.

Pour lire mon mémoire dans son intégralité, vous pouvez le télécharger en cliquant sur ce lien.

Le cancer du sein, quand la souffrance est intime. Quelle prise en charge hospitalière ?

Cancer du sein

Le cancer du sein, quand la souffrance est intime. Quelle prise en charge hospitalière ?

L'annonce d'un cancer de sein est un bouleversement intérieur, pour la femme d'abord, puis pour son partenaire.

C'est un rappel de sa vulnérabilité, de sa condition humaine de simple être mortel. Ajoutant à cela la potentialité de l'altération ou la perte de l'intégrité corporelle, engendrant une atteinte plus ou moins importante à cet organe qui n'est pas vital mais chargé de symboles liés à la féminité, et liés à son rôle important dans la sexualité et le maternage.

Malgré les progrès non-négligeables de la médecine dans ce domaine, le mot cancer fait peur.

Historiquement, on pourrait croire que le cancer est une conséquence de l'allongement de la durée de vie (plus on vit vieux et plus on a de risques de voir ses cellules muter), mais il n'en est rien.

On trouve en effet des traces de tumeurs malignes dans des ossements datant de l'époque néolithique, alors qu'on estime que l'espérance de vie moyenne à cette époque avoisinait les 25 ans. On trouve aussi des traces de cette maladie dans les premiers écrits de l'humanité : description de l'ablation de tumeur sur un papyrus égyptien d'Edwin Smith, rédigé il y a plus de 3 500 ans, ou description des différents stades du cancer dans un écrit du médecin grec Hippocrate, né en 460 avant J.-C.

C'est à ce dernier que l'on doit l'origine du mot « cancer », puisque ce médecin grec a été le premier à comparer les déformations engendrées par les tumeurs à des pattes de crabe, et ce crustacé se nomme καρκινος, karkinos en grec et cancer en latin.

L'institut national a donné une définition du cancer :

Le cancer résulte de la survenue d'un dysfonctionnement au niveau de certaines cellules de l'organisme.
Celles-ci se mettent à se multiplier de manière anarchique et à proliférer, d'abord localement, puis dans le tissu avoisinant, puis à distance où elles forment des métastases en cas d'aggravation de la maladie.
Sur le plan médical, le mot « cancer » désigne en fait un groupe de maladies très différentes les unes des autres. C'est pourquoi on ne devrait pas parler du cancer, mais des cancers, au pluriel.

Le point commun de ces maladies est entre autre la mutation d’une cellule saine en cellule tumorale, qui ensuite se multiplie à l’infini et produit des métastases.
Les traitements ont évolué avec la connaissance de la médecine.

Dans la médecine antique dominait la théorie des humeurs, suivant laquelle un corps est sain si ses quatre éléments fondamentaux (l’air, la terre, l’eau et le feu) sont en équilibre.

Le médecin grec Galien (129-216) considérait que le cancer, dû à un déséquilibre de l’élément terre, se soignait par l’administration de purges censées rétablir le fonctionnement normal de la rate (symbolisant l’élément terre).

Aujourd’hui, on effectue d’abord un bilan d'extension, évaluant l’étendue de la localisation et l’état des cellules cancéreuses (présence ou non de métastase).
Un diagnostic est établi par plusieurs professionnels (gynécologue, oncologue, radiothérapeute, chirurgien, éventuellement gastro-entérologue...)

Le plan traitement est décidé en réunion de concertation pluridisciplinaire par différents spécialistes.

Quand c’est possible, une ablation de la tumeur, avec éventuellement un traitement complémentaire par micro-onde ou cryothérapie.
Quand la chirurgie ne suffit pas, un traitement par hormonothérapie, chimiothérapie ou radiothérapie suivant la nature et l'agressivité du cancer traité et l'état de la patiente concernée.

Ces traitements sont agressifs pour le corps : fatigue, douleurs, angoisse, prise ou perte de poids, ... Tous ces symptômes altèrent et modifient l'image corporelle de la femme concernée par cette épreuve violente et bouleversante.

Les principales gênes pour la femme soignée vont être de deux ordres :

  • - Physiques (vomissement, chute des cheveux, ablation d’une partie du corps intime) ;
  • - Psychique (tristesse, sentiment d’injustice, difficulté à se projeter dans l’avenir, les traitements étant assez contraignants puisqu’il faut être présent).

Quelles conséquences sur le plan sexuel ?

Mémoire

Quelles conséquences sur le plan sexuel ?

Difficile dans ce contexte de voir les conséquences sur le plan sexuel. C'est encore plus vrai quand il touche des organes aussi érotiques que le sein. Pourtant, il est évident que certains troubles vont se créer dans la mesure où le corps de patiente est affaibli, souvent altéré par la chute de cheveux, voire l'ablation d'un sein, le recours à une sonde urinaire, une sonde naso-gastrique au moment de l'hospitalisation...

Ces interventions sont utiles même vitales quand la situation le nécessite, mais dommageables pour l'intégrité du corps érotique et de l'image corporelle de la femme affectée.

Cependant, on ne peut pas faire l'impasse sur l'esprit de la patiente, encombré par l'attente de résultats, les prises de rendez-vous, les projets annulés, sa routine de femme en santé complètement dévastée. Nous comprenons que dans tout cela la souffrance liée au corps érotique est mise de côté, car l'urgence est la rémission puis la guérison.

Comme la sexualité relève du domaine de l'intime, le milieu médical ne se donne pas l'autorisation d'aborder cette partie pourtant intégrante de la vie de la patiente. Les soignants en oncologie continuent à négliger cette souffrance liée à l'intime, alors que les traitements médicaux pour gérer les symptômes pénibles de la maladie n'ont cessé de progresser : la prise en charge de la douleur par exemple, sans oublier l'arrivée des soins de support qui ont révolutionné la qualité de la prise en charge des patients souffrant de maladies cancéreuses.

Toutefois, le patient ne se résume plus à son cancer et à son organe investi par des cellules cancéreuses à éliminer. Désormais, il est considéré dans sa globalité comme une personne, et une équipe pluridisciplinaire le prend en charge.

La santé sexuelle est un droit et elle fait partie de la qualité de vie des patients. À ce titre, sa prise en charge doit faire partie des soins en oncologie.

Elle a été définie par l'organisation mondiale de la santé (OMS) en 1975 comme étant :

L'intégration des aspects somatiques, émotionnels, intellectuels et sociaux du bien-être sexuel en ce qu'ils peuvent enrichir et développer la personnalité, la communication et l'amour.

La santé sexuelle demeure aussi une santé du conjoint et du couple.

On peut ainsi déplorer que la santé sexuelle soit négligée lors de la prise en charge des patientes, car cela devrait faire partie naturellement du parcours de soins.

Voici le lien pour continuer la lecture de mon mémoire sur les souffrances intimes des patientes atteintes de cancer de sein.